J. THÉPOT, M. GODET, F. ROUBELAT, A.-E. SAAB & alii
Décision, prospective, auto-organisation.
Mélanges en l'honneur de Jacques Lesourne

Dunod, 2000, 502 p., 345 F.

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Revue des Livres

Les mélanges en l'honneur d'un universitaire sont généralement l'occasion de rassembler des contributions disparates. Il n'en va pas tout à fait de même ici. Le grand nombre des contributeurs (33, sans parler des quatre illustres qui nourrissent l'avant-propos : Allais, Arrow, Simon, Solow) ne nuit pas à l'homogénéité de l'ensemble. Mieux, la disposition des interventions autour des trois thèmes annoncés, la décision, la prospective et l'auto-organisation, facilite l'approche de ces questions centrales tant pour la vie économique des entreprises et de la nation que pour la connaissance rigoureuse de certains mécanismes politiques. La personnalité et l'oeuvre de Jacques Lesourne font vraiment l'unité de tous ces chapitres. Lesourne, auteur d'ouvrages de référence tant en économie industrielle et en prospective qu'observateur engagé de la société française, fut également un praticien. Fondateur de la Société d'économie et de mathématique appliquée ; responsable de la plus grande enquête prospective jamais lancée, Interfutur, demandée par l'Ocde en 1975 pour l'horizon 2000 ; conseiller d'EDF pour la prospective depuis plus de dix ans ; directeur du journal Le Monde de 1991 à 1994, ce professeur au Conservatoire national des arts et métiers fait irrésistiblement penser à l'un de ses grands aînés à l'Ecole polytechnique, Jacques Rueff, l'éclat du verbe en moins. Il est impossible de citer toutes les pages de ces mélanges. Le lecteur appréciera certainement le bilan équilibré dressé par Michel Albert de la prospective étonnante d'Interfutur complétée par le livre publié sous la seule responsabilité de Lesourne quelques années plus tard Mille chemins ouverts. En matière de décision, l'un des traits les plus stimulants est dû à Jacques Thépot, qui présente aussi la démarche générale de l'ouvrage. J. Thépot montre comment le tiers extérieur à la décision prise au sein des organisations, opère comme le symbole nécessaire à la décision rationnelle. Ulrich Witt, dans un esprit très lesournien, propose une approche rigoureuse des forces qui conduisent à l'auto-organisation en économie. Christian Schmidt ouvre la voie d'une utilisation de la théorie des jeux par la prospective... Bref, ces « mélanges » ne méritent pas leur nom ; ils ressemblent trop à une petite encyclopédie bien centrée sur la décision, la prospective et l'auto-organisation économique ; ils font honneur à Jacques Lesourne.

Etienne Perrot