Zaki LAÏDI (dir.) |
On ne perd jamais son temps à lire Zaki Laïdi. Même si on peut ne pas être d'accord avec ses analyses, ses propos toujours suggestifs invitent à porter un regard dynamique sur les mutations internationales. Dans le débat largement ouvert sur les effets de la mondialisation, il continue à vouloir y déceler du sens. Prenant acte d'une démultiplication des lieux où la modernité s'invente, où l'autorité se dissémine et où les vérités se relativisent, il s'est entouré de spécialistes reconnus (dont un certain nombre du Ceri) pour présenter ces nouveaux espaces de sens régionaux qui semblent devenir la seule médiation possible entre un national trop étroit et un mondial trop abstrait. Comme c'est souvent le cas, l'ouvrage s'arrête (trop ?) longuement sur notre monde européen et américain. L'Asie lointaine et étrange que nous connaissons si mal mériterait sans doute plus de développements. Quant à l'Afrique, le peu de place qui lui est laissée (un seul article) tendrait à montrer qu'elle est définitivement mise hors-jeu du monde qui se construit. On notera l'intéressant article de Gilles Kepel sur ce monde musulman qui peine à se mettre d'accord sur une même compréhension de l'islam face à la modernité. L'ouvrage s'achève en posant une question brûlante : « L'idée de communauté internationale fait-elle encore sens ? » Pierre de Sénarclens, professeur à Lausanne, donne sans doute la seule réponse qu'il soit : « Malgré ses dimensions idéologiques et rhétoriques, l'idée reste une utopie nécessaire ». François Boëdec |