Jean-Michel CHARPIN |
Voici un rapport qui, avant même sa publication, a provoqué un tollé. Chargé par le Premier ministre d'élaborer « un diagnostic aussi partagé que possible par les partenaires sociaux » des perspectives du système de retraites, le Commissaire au Plan dresse un tableau très sombre et esquisse des propositions austères. A partir de 2005-2010, les enfants du baby-boom arrivant à la retraite augmenteront considérablement le poids des inactifs, même en tenant compte de l'allègement des jeunes générations. Les propositions font hurler les syndicats : l'allongement à l'horizon 2019 de la durée d'assurance nécessaire pour avoir le taux plein, la constitution de réserves par la création et le développement de fonds de long terme investis en actions, (en un mot des Fonds de pension à la française), l'élargissement de l'assiette de financement, le tout assorti de quelques ajustements aptes à rendre socialement supportables les bouleversements annoncés. Accrochées au Rapport, les réactions diversifiées de chacun des syndicats ne manquent pas d'intérêt ; toutes comptent sur l'Etat pour combler le déficit des fonds de retraite des fonctionnaires ; certains estimant qu'il convient de supprimer la réforme de 1993 défavorable aux seuls salariés du privé ; plusieurs notent que l'allongement de la durée de cotisation n'est qu'une façon de déplacer le coût social de la réforme des travailleurs en place vers les jeunes cherchant un travail, l'allongement de la durée de cotisation n'ayant de sens que si les offres d'emplois augmentent également. D'autres enfin remettent en question les hypothèses démographiques, soit en invoquant des mouvements migratoires possibles, soit, dans la ligne suivie par la CFTC, en sollicitant une politique familiale plus favorable. Tous se retrouvent au bord de l'océan pour réclamer au ciel une croissance plus soutenue. De quoi rappeler que le dialogue social, que les gouvernants appellent de leurs vux, ne peut abolir la responsabilité ni le risque politique. Etienne Perrot |