Jean-Philippe RAMEAU |   |
 Pour commander Juillet-Août 2000 : |  Dardanus est sans nul doute le plus bel opéra de Rameau, « une exception culturelle française », dira Philippe Beaussant, déployant toute la splendeur d'un spectacle royal signifié par l'admirable prologue à la gloire du Roi et de l'Amour. Cinq actes se déroulent sans accroc, rythmés dans la tradition de la musique baroque française par des ballets à plusieurs « entrées », avec les fabuleuses machineries du temps (tremblement de terre, tempête, monstres marins sortant de l'eau, éruption volcanique, etc.). Le livret assez plat de Leclerc de la Bruyère s'inspire des légendes de la mythologie antique – l'amour du prince Dardanus pour Iphise, la fille de son ennemi –, tout en demeurant sous l'inspiration de Virgile ou de l'Arioste. Morceaux de bravoure, déclarations d'amour et de haine, magies en tout genre, scènes d'hallucination et de sommeil sont enveloppés par la musique de Rameau, d'une verve étourdissante, à la fois lumineuse et sombre, traversant le fond des âmes, sans oublier les élans populaires des fêtes phrygiennes. Il faut dire que Marc Minkowski et ses musiciens du Louvre (choeurs et orchestre) sont très à l'aise dans cette féerie musicale, et ils traduisent le meilleur style baroque, dans l'esprit et la lettre de l'univers ramiste. La distribution est dominée par Véronique Gens dans le rôle d'Iphise, par Laurent Naouri dans celui d'Anténor, et la Vénus de Mireille Delunsch ; moins convaincant, parce que plus en retrait, serait John Mark Ainsley dans le rôle-titre.Claude Ollivier |
