Jean-Sébastien BACH |
Juillet-Août 2000 : | Stephan Schmidt nous donne avec cet enregistrement un splendide moment musical. Le choix de la guitare à dix cordes est amplement justifié par le souci de faire entendre chacune de ces oeuvres dans leurs tonalités originales, sans avoir recours aux transcriptions habituelles qui dénaturent la couleur et l'éthos de la musique. Ainsi, par exemple, de la suite BWV 995 écrite en un sol mineur sombre et mystérieux, mais qui perd ce caractère lorsqu'elle est jouée en la mineur. Par ailleurs, un travail remarquable sur le plan de la technique instrumentale donne une lisibilité parfaite aux lignes contrapuntiques et fait entendre de somptueuses résonances harmoniques. Le style de Stephan Schmidt, d'une souveraine aisance, est habité par une musicalité tout intérieure, qui ne cède ni aux effets sonores faciles, ni aux vanités de la vélocité digitale. La retenue des tempi, la juste accentuation, l'élégance du phrasé, le délicat travail sur l'ornementation, le « chant intérieur » sont ici les vraies dimensions d'une haute technique instrumentale. Stephan Schmidt réalise son souhait de « démontrer que la guitare peut être autre chose qu'un instrument de divertissement... » et qu'en « musique, l'art commence là où le divertissement séducteur n'a plus rien à dire ». Des propos et une interprétation à la hauteur de la musique de Bach. Philippe Charru |