Emilio PLATTI |
Juillet-Août 2000 : | Beaucoup de traités sur l'Islam ont paru, ces cinquante dernières années. Dans la bibliographie, l'auteur en énumère deux cents (dont vingt en arabe). Son ouvrage a l'immense mérite de s'imposer par sa clarté et son exhaustivité, par une vision structurelle de l'Islam qui nous semble exprimer fidèlement sa substance, ce qui apparaît clairement dans l'introduction et le premier chapitre. Les chapitres 2 et 3 décrivent le contexte religieux de l'Arabie au temps de Muhammad (Mahomet) ; contexte fort diversifié : outre les minorités juives et polythéistes, les chrétiens, plus ou moins majoritaires un peu partout, sont eux-mêmes très divisés : nestoriens, monophysites, melchites, sabéens, etc. ! L'influence byzantine est dominante, sans négliger l'importance du christianisme éthiopien. Mais le polythéisme reste très vivace à La Mecque. Après une courte notice biographique sur la naissance, vers 570, de Muhammad, sur sa famille, sur son épouse Khadija, l'auteur décrit l'opposition de plus en plus violente des Mecquois à la prédication de Muhammad qui, finalement, se réfugie à Yathrib, appelée ensuite Madînat an-nabi, la ville du prophète, Médine ; fuite nommée Hégire, en 622, an I de l'Islam. La suite de l'ouvrage est consacrée au Coran, qui commande toutes les structures de l'Islam, sans négliger d'autres apports, notamment les gestes et paroles de Muhammad conservés dans les recueils du Hadith. L'ouvrage compte environ 780 références au Coran, assez souvent suivies du texte des versets cités. Outre, évidemment, le dogme fondamental de l'Islam, la foi en un Dieu unique, le thème principal reste celui de la Prophétie, qui se fonde sur les trois grands prophètes anciens, Abraham, Moïse et Jésus (l'auteur n'explique pas son nom : Isa chez les musulmans, Yasu chez les chrétiens arabes d'aujourd'hui). La conception de la personne de Jésus crée la rupture décisive, définitive, entre chrétiens et musulmans : pour ceux-ci, appeler Jésus fils de Dieu est un scandale, une insulte à la transcendance de Dieu. Dans les chapitres suivants (17 à 22), l'auteur s'emploie à définir les fondements de l'Islam : son credo, la pratique de la loi. Le chapitre consacré au soufisme doit retenir l'attention. Le dernier chapitre, original, « L'islamisme, une réforme à la dérive », pose la question d'aujourd'hui : qu'est le fondamentalisme ? La réponse de l'auteur se fonde surtout sur les écrits d'un idéologue pakistanais, Maxdûdi (1903-1979), dont s'inspirent les réformateurs du XXe siècle. Comment l'Islam doit-il réagir face à la supériorité de l'Occident, face, entre autres, aux principes de démocratie et de laïcisme ? La vision globalisante de l'Islam ne supporte aucune incartade. L'Islam est Foi et Loi. Étrange ? Henri Loucel |