Yvon TRANVOUEZ
Catholiques et communistes
La crise du progressisme chrétien, 1950-1955.
Cerf, 2000, 364 pages, 165 F.

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Juillet-Août 2000 :
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L'essentiel du livre concerne la revue La Quinzaine, qui vécut dans ces années difficilement, inquiétant l'autorité, en définitive blâmée par les évêques français, supprimée par l'autorité romaine. Il faut rappeler les noms de Mme Sauvageot et du P. Boisselot, parmi les personnes ici les plus militantes ; celui du P. Chenu aussi, l'accompagnateur par excellence. Quelle était la cause ? Celle de l'engagement des chrétiens aux côtés des communistes, voire du communisme, au premier abord. Plutôt, dit pourtant Y. Tranvouez, une cause d'Eglise missionnaire, par opposition à une Eglise de conquête, l'Eglise encore « intransigeantiste » du catholicisme social et de l'Action catholique. Il n'a pas tort. Qu'est-ce à dire, cependant ? Il faut, aujourd'hui du moins, préciser le terme « missionnaire », qui prend ici presque la connotation de l'insertion dans un milieu dont on ne prétend pas changer l'orientation, le projet... Il semble qu'on a eu souvent l'idée d'un communisme nullement désirable, mais cependant inéluctable. « Passer aux barbares », l'expression a eu du succès. « Un parti qui régira peut-être demain la moitié de l'humanité ! », disait-on du communisme, comme le rappelle Tranvouez. Faut-il dire qu'il y avait là trop de tactique ? Tel pensera, cruellement, à Jean-Paul Sartre, censé tourner son fauteuil dans le sens de l'histoire, vers « Billancourt ». Il est difficile de juger de loin (et nous sommes déjà loin !) : on a, en tout cas, un peu l'impression d'une telle attitude, inconsciente, soutenue chez beaucoup par un profond évangélisme. Il est utile de réfléchir sur ces événements. Il eût certes valu la peine, quant à cette époque, d'ajouter (compte tenu du titre) que ce n'était pas le seul type de relation des catholiques au communisme : on a pu étudier le communisme et le marxisme avec intensité, passion même, dans une optique éloignée de cette volonté de passage aux Barbares. Cela a été un facteur de relations durables, non sans rapport, peut-être, avec la manière dont le communisme a peu à peu évolué. C'était une autre approche, en tout cas. Et, bien entendu, il faudra aussi écrire un jour l'histoire de ce qu'ont vraiment pensé les communistes du christianisme et l'histoire des chrétiens qui s'engagèrent alors avec eux, ou très près.

Jean-Yves Calvez