L'essentiel de ce disque tient dans le Requiem de Maurice Duruflé, universellement reconnu comme l'un des chefs-d'oeuvre du XXe siècle musical. Mais l'histoire de sa composition complexe nous vaut trois versions différentes : une avec grand orchestre et orgue, donnée lors de sa création en 1947, et une version avec orgue et quintette à cordes, harpe, trompettes et timbale, réalisée par le compositeur en 1961. Entre ces deux versions extrêmes, il existe une version, toujours de l'auteur, pour orgue seul et choeur. C'est cette version que nous propose ce disque. Une version si juste et limpide qu'on a l'impression que c'est elle que Duruflé a vraiment entendue intérieurement, l'orchestration pour orchestre n'apportant rien de nouveau, sinon un revêtement dont le charme peut distraire de la pureté du propos. Ici, non seulement l'orgue équilibre parfaitement les choeurs, mais il exalte la vocalité merveilleuse de ces pages en s'effaçant paradoxalement devant elle. Présence nécessaire, parce quelle ne s'impose pas, mais développe un souffle profond et coloré. Il faut saluer la remarquable prestation de Michel Bouvard à l'orgue de Notre-Dame du Taur à Toulouse. L'ensemble vocal s'impose par la qualité du phrasé, qui dessine avec ampleur les lignes modales inspirées du plain-chant. Les contrastes de dynamique et la chaleur du style ne distraient pas de l'intériorité profonde de cette version, où s'inscrit la belle voix de Patricia Fernandez pour le Pie Jesu. Philippe Charru |
Juin 2000 : Revue des Livres - Choix de Disques - Sommaire du numéro
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