Alain CORBIN |
L'étude et la compréhension du XIXe siècle français doivent une large part de leur état actuel aux travaux d'Alain Corbin. L'aspect bien délimité de la plupart de ses livres les cloches, objets de vénération et de conflits, la prostitution, le rôle des odeurs, ou encore l'exploration du monde d'un inconnu, Louis-Ferdinand Pinagot (cf. Etudes, mai 1998, p. 700) ne doit pas, en effet, faire illusion ; ces sondages ouvrent accès à des organisations globales de la société perçues et décrites de façon à la fois scrupuleusement complexe et littérairement suggestive. Le présent ouvrage est une réussite. Aux éléments de biographie et aux réflexions sur l'organisation des études historiques est jointe une reprise des interprétations et, en partie, des informations développées dans les publications successives d'Alain Corbin. La mise au point du texte est soignée ; on trouvera, par exemple, la référence précise à des travaux assez nombreux d'autres historiens, parfois débutants. Corbin se montre sceptique vis-à-vis de la mission civique qu'on peut attribuer aux travaux historiques. Pour lui, il considère « que l'histoire [...] répond d'abord à une curiosité qui consiste à savoir ce qu'ont vécu, pensé ou éprouvé les gens qui nous ont précédés » (p. 68). Sur quoi, évidemment, on peut dire que cette curiosité a bien une mission civique, même si celle-ci n'est pas instituée en objet prioritaire d'attention au cours du travail lui-même. Pierre Vallin |
Juin 2000 : Revue des Livres - Choix de Disque - Sommaire du numéro
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