Yves TEYSSIER D'ORFEUIL
Bethléem, 2 000 ans d'histoire
Desclée de Brouwer, 1999, 244 pages, 140 F.

Retour à la page d'accueil

Pour commander
CLIQUER ICI

Cet ouvrage est inspiré. Bethléem conserve, à travers les siècles, le souvenir visible, tangible, de l'Incarnation. Son nom seul unit la Nativité et la Cène ; Bethléem signifie « maison du pain » en hébreu et « maison de la chair » en arabe. C'est la patrie de Rachel, puis de Noémie et Ruth, et surtout de David. Quant à la grotte de la Nativité, non citée par les évangiles, l'auteur estime, preuves à l'appui, qu'elle ne suscite « aucun doute » (p. 50). Deux composantes essentielles animent l'ouvrage. Le pèlerinage d'abord, dont l'auteur rappelle sans cesse l'importance, la ferveur, l'impact socio-économique. Puis les scandaleuses et désolantes querelles, parfois meurtrières, entre Grecs et Latins. Mais l'axe de l'ouvrage reste l'histoire de la basilique de la Nativité, construite sur l'initiative de sainte Hélène, la mère de Constantin, entre 326 et 333. L'auteur y revient constamment et décrit les travaux d'entretien. Une personnalité exceptionnelle, saint Jérôme (347-420), s'installe définitivement à Bethléem en 395 et contribuera à son rayonnement. A cette époque, plus de cent laures et monastères sont construits en Palestine. Avec l'invasion perse, en 614, le pays et Bethléem sont ravagés, sauf la basilique, dont la mosaïque représente des Persans, les Mages ! Les musulmans s'emparent de tout le Proche-Orient, de 634 à 642. Mais ils respectent les Lieux Saints, conformément au Coran et au voyage nocturne de Mahomet. Le 7 juin 1099, les chrétiens accueillent avec enthousiasme les Croisés. Bethléem est érigé en évêché en 1110. Saladin reprend la Palestine en 1187, mais se montre très clément. Tout change avec l'avènement des Mamelouks en 1249. En 1263, Baïbars ordonne la destruction de Bethléem, mais la basilique est épargnée. Sous les Ottomans, au XVIe siècle, la situation s'améliore. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, Bethléem est complètement transformé : multiples constructions et activités catholiques. Les religieuses sont très actives, dont les Soeurs du Rosaire, toutes arabes. Une page (193), à lire à tout prix, est consacrée à « Mariam, la petite arabe » morte en 1878 et béatifiée en 1983. En bref, la pire période que connaît Bethléem, c'est... aujourd'hui. Les Juifs s'approprient la Palestine. Les réfugiés, en grande majorité musulmans, affluent. « Bethléem, ville chrétienne depuis des siècles, se retrouve subitement avec une majorité musulmane. » Après les accords d'Oslo I (1993) et Oslo II (1995), les Israéliens se retirent de plusieurs villes, dont Bethléem, le 21 décembre 1995 ; 30 000 personnes fêtent alors Noël avec enthousiasme. En l'an 2000, Bethléem se prépare à accueillir deux à trois millions de visiteurs. Mais l'espoir d'indépendance de Bethléem, dit l'auteur, reste illusoire.

Henri Loucel

Avril 2000 : Revue des Livres - Choix de Disque - Sommaire du numéro

Accueil