Une publicité quadripartite bien orchestrée (Radio Classique, Forlane, Actes Sud, Gaveau) nous informe que « la redécouverte de ce fabuleux personnage » que fut le Chevalier de Saint-George est due à l'initiative d'Alain Guédé, journaliste politique au Canard Enchaîné, qui vient de publier un livre (essentiellement sociologique et nullement musicologique) sur « ce grand musicien ». Holà ! c'est vite dit et oublier (?) les enregistrements de Kantorow, Brigitte Haudebourg et J.-N. Molard en 1972-74 (chez Arion), qui furent et restent autant de premières mondiales. C'est oublier les études de J.-M. Fauquet si pertinentes et le livre d'Odet Denys (1972), que d'ailleurs cite l'auteur : la « pub » semble allez plus vite que lui et n'avoir pas la même retenue... Cela dit, le disque Forlane est fort bon et bienvenu. L'orchestre della Svizzera Italiana se montre d'excellente facture, bien rythmé, nuancé et sonnant clair. Quatre violonistes différents et tous excellents : virtuosité chez Tamas Major, construction avec Anthony Flint et Hans Liviabella, belle et fine sensibilité chez Hana Kotkova... Ne vous arrêtez donc pas au sous-titre (« Le Nègre des Lumières »), qui est double hérésie : à l'égard du musicien, qui était métis (et non « noir »), et à l'égard des philosophes du xviiie siècle, qui n'étaient pas « racistes ». Et dans toute sa fantaisie, ses outrances et ses trouvailles, que (re)vive notre Chevalier ! Jean Gallois | |
Janvier 2000 : Revue des Livres - Choix de Disques Sommaire du numéro Accueil |