François BÉDARIDA |   |
 Pour commander |  Avec ce récit vivant et documenté, nous sommes conviés à la rencontre de l'Histoire avec une histoire : celle d'un homme devenu figure légendaire ; par la vie publique, il connut le temps de l'action et de la gloire, mais aussi la solitude et l'échec. Qui, mieux que François Bédarida – spécialiste de l'histoire de la Grande-Bretagne, mais aussi de la seconde guerre mondiale –, pouvait nous faire découvrir un homme sur qui « tout a été dit », en démêlant les « entrelacs entre l'histoire et le mythe » ? Et de nous narrer la jeunesse « dorée » du jeune aristocrate, si typique d'une Angleterre à peine sortie de l'ère victorienne, dont Churchill portera les stigmates. Les carences affectives des premières années, la soif d'action du jeune officier s'offrant en première ligne, révèlent un homme courageux, quoique fantasque, oscillant sans cesse du génie à la frivolité, vulnérable finalement. Le temps de l'action militaire cède la place à l'ascension de l'homme d'Etat. Colonialiste, malgré des idées sociales novatrices, Churchill se laisse piéger par la question indienne. Débute alors le temps des épreuves, longue traversée solitaire du désert, qui conduira à un manque de crédibilité publique, par ses déclarations virulentes mais lucides des années 30 contre le nazisme. Le pouvoir lui est confié en 1940. Cette rencontre quasi fortuite avec l'Histoire permet à Churchill de peser sur le destin de l'Angleterre, sur celui de l'Europe aussi, pendant cinq ans. Ces temps de guerre seront son heure de gloire. Cette aura lui vient de sa stratégie, mais tout autant d'un don inné d'expression : ses formules habitent encore la mémoire d'un peuple. La négociation avec Roosevelt et Staline est sans illusion. S'il avait été aux commandes durant les jours sombres de la guerre froide, il aurait fait souffler une brise légère de détente après la mort de Staline, lui qui fut précurseur des temps à venir. De 1945 à 1965, c'est l'époque du soleil couchant : déjà les critiques font de la rhétorique churchillienne le cache-misère d'une nation en décadence. Par son regard sans complaisance, débusquant des critiques sans fondements, l'auteur dépasse la légende, pour nous faire découvrir un homme qui a pesé sur le destin de l'Angleterre. Ce livre est une réflexion sur l'identité britannique et son avenir – sur celle des démocraties européennes également –, mais plus encore sur le rapport entre l'homme politique et son milieu à l'aube du XXe siècle.Anne Mortureux |
Janvier 2000 : Revue des Livres - Choix de Disque - Sommaire du numéro
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