Jonathan HARVEY |
Trois oeuvres de la dernière décennie du siècle. Trois oeuvres qui font découvrir la personnalité d'un musicien dont le vaste catalogue est encore peu connu, mais qui dessinent, au delà de lui, et de façon assez typique, les traits les plus saillants de la création musicale actuelle : une liberté de langage qui puise sans complexes à de multiples sources et techniques éprouvées ; le souci d'une expression particulièrement marquée avec la référence vocale ; enfin, une dimension spirituelle recherchée comme telle. Cette dernière puise, elle aussi, à des sources diverses, chrétiennes et bouddhistes, de Jean de la Croix au philosophe Rudolf Steiner, en passant par Tagore. Quoi qu'il en soit des fleurs butinées, la musique que nous écoutons ici touche, par l'aura poétique. L'invention des timbres et des couleurs est étonnante de délicatesse et de justesse. L'art du silence et de l'ellipse, assez debussyste, porte loin le regard intérieur. La dernière pièce est le fruit d'une contemplation de la Crucifixion de Matthias Grünewald, où se conjuguent l'expressionnisme le plus tendu et le dépouillement du rituel. La rigueur de l'écriture de Jonathan Harvey est le chemin où se lit au mieux la quête spirituelle qui l'anime. Philippe Charru | |
Décembre 1999 : Revue des Livres - Choix de Disques Sommaire du numéro Accueil |