Quatrième version discographique du chef-d'oeuvre d'Olivier Messiaen enregistré en « live » lors du Festival de Salzbourg 1998. Version musicalement plus réussie et qui dépasse de beaucoup l'événement de l'émouvante création à l'opéra de Paris en 1983, sous la direction de Seiji Ozawa, avec, déjà, José Van Dam dans le rôle-titre. Dépouillée ici du poids de la mise en scène de Peter Sellars, la musique de Messsiaen coule avec une limpidité toute franciscaine, admirablement servie par les solistes : José Van Dam, avec sa diction impeccable, rayonne de tout son être. La profondeur de ses accents et ses phrasés veloutés sont habités par l'humilité de son personnage : il chante, vit, meurt dans une tranquillité toute séraphique. En dehors du rôle du Lépreux, tenu magistralement par Chris Merritt, les autres personnages sont moins convaincants, mis à part l'ange musicien, avec le souffle et la voix diaphane de Dawn Upsaw. Les choeurs Arnold Schoenberg, dans leur homogénéité, leur véhémence, apportent un relief étonnant, à la manière des choeurs grecs, dans le rythme incessant de leur commentaire. Kent Nagano, à la tête de son orchestre de Hallé, donne à l'« opéra » de Messiaen un style proche de celui d'un grand oratorio, le dégageant de tout élan romantique déplacé. C'est bien la traduction musicale du « cheminement de la grâce divine dans l'âme du plus grand des saints » (O. Messiaen). Claude Ollivier | |
Décembre 1999 : Revue des Livres - Choix de Disques Sommaire du numéro Accueil |