Heinrich ISAAC |
Anton Webern, qui avait particulièrement médité l'oeuvre de Heinrich Isaac, se réjouirait à l'écoute de ce bel enregistrement. Ce compositeur, fleuron de l'école dite franco-flamande, fut au service des Médicis à Florence et également à celui de l'empereur Maximilien. C'est pour la Chapelle royale de ce dernier, à Innsbruck, que cette Messe de Pâques fut composée. L'oeuvre est particulièrement intéressante : elle comprend l'Ordinaire et le Propre « polyphonique » publié par Isaac dans le volumineux Choralis Constantinus. Par ailleurs, cette Messe est composée selon l'esprit traditionnel à cette époque de l'alternance entre le choeur des chanteurs et l'orgue. Cet enregistrement propose donc des versets improvisés sur un des plus beaux instruments de la Renaissance, construit par le facteur Erbert. Wim Diepenhorst s'est livré à cet exercice avec un art consommé, qu'il s'est forgé au contact du fameux organiste de la Chapelle de Maximilien, Paul Hofmainer. Ses improvisations prennent pour base les mélodies grégoriennes traitées pour les voix par Isaac. Le dialogue entre l'orgue et les voix est particulièrement convaincant, jusqu'à l'accord des couleurs des tessitures qui s'enchaînent avec une grande délicatesse. L'intensité du phrasé des voix ne nuit en rien à la paix profonde qui rayonne de cette interprétation. On aura compris que cet enregistrement est le fruit d'un admirable travail musicologique, vocal et stylistique. Philippe Charru | |
Décembre 1999 : Revue des Livres - Choix de Disques Sommaire du numéro Accueil |