Donald W. WINNICOTT
L'Enfant, la psyché et le corps
Traduit de l'anglais par Madeleine Michelin et Lynn Rozas.
Bibliothèque scientifique Payot, 1999, 360 pages, 160 F.

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C'est un bonheur de retrouver dans ce nouveau recueil le Winnicott de toujours, celui de Jeu et réalité (1975) ou celui des Lettres vives (1989). Même chaleur humaine pour affirmer que « la psychologie est une affaire de sentiments, d'êtres vivants et de pulsions », et même humour pour ajouter qu'elle peut être considérée comme une science « si elle nous permet de dire moins de bêtises ». Même amour des enfants, chez lui qui n'a jamais connu la joie d'être père, mais qui a su jouer avec eux, les comprendre et les faire comprendre : « Ils sont parfois déprimés, parfois méchants envers les autres et envers vous, et pourtant ils sont attachants, parce que chacun d'eux a ses espérances. » Même simplicité du langage, même absence de tout jargon, au point qu'on risque parfois de ne pas apercevoir la richesse et la nouveauté de la pensée. Ces trente et un articles ou conférences (dont trois seulement avaient déjà paru en français) sont regroupés par les éditeurs autour de neuf rubriques, dont la famille, l'école, l'adoption, les problèmes psychosomatiques, l'autisme. Quel que soit le domaine abordé, l'accent est mis sur le développement psychique et affectif de l'enfant, depuis la naissance jusqu'à la puberté et l'adolescence. Un inconvénient de cette organisation thématique est qu'en mélangeant les dates, elle efface un peu le rôle de pionnier que Winnicott a joué dans l'histoire de la psychanalyse infantile. Le premier, avant que soient connues Melanie Klein en Angleterre et Françoise Dolto en France, il a milité pour une formation psychologique des pédiatres et pour le recours, alors nouveau et audacieux, à la psychanalyse. Le premier, il a insisté sur la nécessité de toujours envisager et de traiter toujours ensemble la mère et l'enfant, d'analyser leur interaction : « Quand je dis que je sais ce qui arrive au nouveau-né, je parle de la mère et de son bébé. » Et ce pionnier reste aussi un moderne, dont la pensée garde actualité et nécessité face aux courants contemporains de retour au comportementalisme. Dès 1930, il écrivait : « Que les choses soient bien claires : pour nous, les réflexes conditionnés ne font pas partie de la psychologie. » A l'encontre de ceux qui prônent un nouveau scientisme, il garde foi en la psychanalyse, une foi lucide, consciente des obstacles comme du prix à payer, mais aussi du fruit à espérer : « Si un traitement psychanalytique peut apporter une aide concrète, c'est essentiellement parce que, quand il réussit, il permet au patient d'arracher un matériel douloureux au refoulement. Celui-ci peut alors mettre au service du plaisir de vivre et d'une existence constructive toute l'énergie qui servait au refoulement. »

François Courel

Décembre 1999 : Revue des Livres - Choix de Disque - Sommaire du numéro

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