Etienne TAILLEMITE |
N'attendons pas d'Etienne Taillemite, inspecteur général honoraire des Archives de France, un panégyrique à la gloire de nos explorateurs. A partir des journaux de bord et des rapports d'expéditions, il nous donne plutôt une relation nuancée, insérée dans l'histoire générale et la vie politique des époques traversées. Précédés par les Espagnols, les Portugais, les Hollandais et les Anglais, les Français font longtemps figure de petits derniers de la classe. Quand ils se réveillent, au xviiie siècle, il ne reste pas grand-chose à découvrir au delà des océans. Nos marins ne sont pas en cause, mais plutôt le pouvoir politique, tourné surtout vers les aventures continentales et peu conscient des enjeux commerciaux, stratégiques, anthropologiques des expéditions lointaines. Après cette période de quasi-absence, où pourtant les croisières privées et les exploits d'aventuriers ne manquèrent pas, les Français mettent les bouchées doubles, et c'est l'essor de l'ethnologie, l'accumulation de renseignements géographiques, botaniques, géologiques. Les cartes rudimentaires sont rectifiées, des routes nouvelles ouvertes. Tout cela dans des conditions souvent difficiles. Au fil des pages, on voit s'affirmer le souci écologique et s'amorcer une réflexion géopolitique. Nos marins n'ont pas été seulement des techniciens de la navigation, mais aussi, pour la plupart, des humanistes intelligents. Marcel Domergue |
Décembre 1999 : Revue des Livres - Choix de Disque - Sommaire du numéro
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