Claude GEFFRÉ |
Le titre sonne ambitieux et programmatique. Le texte est une route sinueuse, avec ici et là des horizons prometteurs la rencontre des religions et ailleurs des fourrés épais et des impasses. Une chose est sûre : ce livre attrayant est riche d'instruction. D'un côté, une philosophe intéressée à la théologie, perspicace, directe, encombrée d'aucun interdit ; de l'autre, Claude Geffré, adroit dans la réponse qui déplace la question, conteur sans narcissisme de tout ce qu'il a connu, des charges, survenues comme l'événement, chez les Dominicains, à l'Institut catholique de Paris, aux éditions du Cerf, à l'Ecole biblique de Jérusalem, et sa passion secrète pour la philosophie. Ce livre dessine une sorte de panorama de la théologie contemporaine sur cinquante ans au moins, avec ses visages, ses passions, ses insistances ; rien de triomphaliste chez Geffré, rien de misérabiliste, plutôt une sérénité « thomiste » et, plus que tout, le souci des lendemains. Comment annoncer ce que l'on croit et qui est reçu à autrui dans le monde si complexe qui toujours vient ? Claude Geffré sait unir l'ouverture la plus résolue et la fidélité la plus rigoureuse, non sans le détachement par ce qui nous dépasse, mais toujours dans l'engagement qui suscite le témoin, et qui requiert tout autre chose que des « solutions simples ». Par sa forme même, ce dialogue vif dit son « message », la réponse singulière, la responsabilité, sans rien de coupable, sans rien non plus de complaisant en une vérité possédée ; la réponse demeure une tâche. D'une extrême discrétion, mais sans secret caché par devers soi, comme si jamais autrui n'était à la hauteur, ce dialogue dit, sous l'angle particulier du métier de théologien, ce que tout un chacun peut penser et devoir accomplir. Guy Petitdemange |
Novembre 1999 : Revue des Livres - Choix de Disque - Sommaire du numéro
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