Piero GOBETTI
La Révolution libérale
Ed. Allia, 1999, 200 pages, 120 F.

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Piero Gobetti est mort à l'âge de 26 ans, à Paris. Son oeuvre, le livre dont nous présentons aujourd'hui la traduction, a pourtant extraordinairement marqué l'Italie. Il manquait au public français cette référence. Le titre ne dit pas tout, ni même l'essentiel, car il ne s'agit pas tant de révolution – au sens que nous avons connu au XXe siècle –, que, plutôt, de gouvernement dynamique, intelligent, adéquat, répondant aux besoins de l'heure (tantôt ceux d'une classe de paysans, tantôt ceux d'un prolétariat industriel, ou d'autres encore). Et si par libéralisme on entend de grandes idées emphatiques, ce n'est pas non plus ce qu'offrait Gobetti. Libéralisme veut dire ici, au mieux, pluralisme. « L'idée d'une élite qui s'affirme en exploitant un réseau d'intérêts et des conditions psychologiques générales, contre les vieux dirigeants dont la fonction est périmée, est clairement libérale, parce qu'elle découvre dans le conflit social la prédominance d'éléments autonomes et d'énergies réelles, en renonçant à l'inertie de ces idéologies qui se contentent d'avoir confiance en une série d'entités métaphysiques comme la justice, le droit naturel, la fraternité des peuples. » La théorie de la « révolution libérale », c'est alors la théorie de l'avènement et de la réalisation d'une telle élite. Il faut se rappeler que ces pages sont écrites au temps du socialisme, du communisme, du fascisme mussolinien. Le fascisme mussolinien endort les hommes, au lieu de les susciter. « Mussolini a été le héros représentatif de tout un épuisement et d'une aspiration au repos... » Il passera vite, supposait Gobetti. Il a passé, mais pas si vite. Quelques réalisations politiques ultérieures ont pu avoir la tonalité dynamique, créatrice, désirée par Gobetti ; bien peu, cependant. La théorie de l'élite est admirable, diront peut-être alors les critiques d'aujourd'hui, mais n'est-elle pas trop élitiste, justement, pour nos molles démocraties ? En revanche, Gobetti permet de réfléchir à nos faiblesses.

Jean-Yves Calvez

Novembre 1999 : Revue des Livres - Choix de Disque - Sommaire du numéro

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