John BLOW |
Ce « masque pour le divertissement du Roi » fut représenté à la cour d'Oxford en 1681. Opéra miniature, qui devait répondre au désir du roi francophile Charles II d'imiter son prestigieux voisin Louis XIV en donnant à la cour des tragédies lyriques à la manière d'un Jean-Baptiste Lully à Versailles, qui avaient alors un grand succès populaire. De fait, John Blow empruntera à l'opéra français son « ouverture », son « prologue » et le principe de « danses instrumentales ». Mais ce divertissement allégorique s'inscrit bien dans la tradition anglaise du « masque » de la cour, avec l'alternance de textes déclamés, de choeurs, de ritournelles et de danses. Il fait appel à un nombre restreint de chanteurs, à un choeur réduit et à un petit ensemble de cordes, avec instruments à vents pour colorer certains passages, telles les réponses de Vénus à Adonis à l'acte I. René Jacobs et ses musiciens font ici cause commune pour souligner fort intelligemment, et avec un grand sens de la musicalité du temps, la dynamique intérieure du « masque » qui, progressivement, passe d'une plaisanterie d'inspiration pastorale à la mode au style d'une grande tragédie, autour du thème de la chasse, de ses dangers, et des amours de Vénus et d'Adonis contrariés par l'impitoyable Cupidon, jusque dans la présence irrémédiable de la mort en pays d'Arcadie. Un chef-d'oeuvre, qui est aussi l'un des sommets de la musique anglaise du XVIIe siècle. Claude Ollivier |
Octobre 1999 : Revue des Livres - Choix de Disque - Sommaire du numéro
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