Michel LEPLAY
Le Protestantisme et le Pape
Quelques explications. Labor et Fides, Genève, 1999, 124 pages.

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Michel Leplay, pasteur de l'Eglise réformée de France, ancien directeur du journal Réforme, est très engagé dans le dialogue oecuménique (il est membre du Groupe des Dombes). Mais il est aussi préoccupé par l'identité protestante et a déjà écrit un livre intitulé Foi et vie des protestants (cf. Etudes, sept. 97). Aujourd'hui, il essaie d'« expliquer » au Pape ce qu'est le protestantisme dans un livret bref, sorte de lettre ouverte. Sa démarche est diachronique : elle part de l'origine, l'événement de la Réformation ; elle rend compte à grands traits de l'identité protestante ; elle souligne la dissymétrie entre deux conceptions du christianisme en retraçant les interventions majeures des trois derniers papes, Jean XXIII, Paul VI et Jean Paul II. Elle témoigne, en terminant, des convictions et convergences (en particulier de l'ouverture faite à Vatican II sur « la hiérarchie des vérités et les exigences reconnues par le protestantisme d'une diversité réconciliée ») qui permettent d'espérer un engagement plus commun encore au service de l'Evangile et du monde. Les catholiques – sinon le Pape ! – pourront apprendre de ce petit livre. Mais ils seront frappés de la polarisation faite sur la personne du pape de l'identité catholique. D'une certaine manière, la conception du catholicisme que donne l'auteur est plus « papiste » que celle du catholique moyen. Sans doute connaît-il bien les « diversités » de la vie de l'Eglise catholique et ce que recouvre sa façade apparemment monolithique. Pourtant, il lui semble que tout se noue dans la personne du pontife romain, dont il parle toujours avec respect, parfois avec éloge, mais aussi avec une franchise sans concession et quelquefois un soupçon d'humeur. (Le service de presse parle d'un « texte polémique, parfois pamphlétaire », ce qui est exagéré, mais signale bien une attitude de « protestation ».) Nous pensons plutôt que les « divergences » entre catholicisme et protestantisme sont loin de se réduire au problème du pape. Mais il faut accepter ce retour de l'image que le catholicisme donne de lui-même. On regrettera, finalement, que l'auteur ne fasse, dans un livre orienté vers le dialogue et la conversion des Eglises, aucune proposition sur une voie de réconciliation possible en vue d'un ministère de communion dans l'Eglise universelle. Mais sans doute n'était-ce pas son propos.

Bernard Sesboüé

Octobre 1999 : Revue des Livres - Choix de Disque - Sommaire du numéro

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