Xavier GARNIER |   |
 Pour commander |  L'auteur définit le roman comme « un récit fictif qui contient son propre sens » (p. 4) et entend montrer par là l'autonomie de ce genre littéraire par rapport au récit oral, comme, par exemple, le conte africain. Cela lui permet de privilégier l'étude des romanciers qui donnent sens à l'oeuvre et de rendre plus accessible le livre à des lecteurs qui n'ont pas eu l'occasion d'aborder cette abondante littérature et qui, autrement, se sentiraient noyés dans un océan de citations. Il classe les romanciers dans trois grandes catégories : les « réalistes irrationnels », les « positivistes », les « spiritualistes », en fonction de la position qu'ils prennent vis-à-vis de la « magie », ou, pour reprendre l'expression qui parcourt le livre, par rapport à « la pensée traditionnelle magico-religieuse ». Les premiers ont un langage et même un style qui font corps avec cette pensée. Les seconds prennent une distance critique, plus par refus volontaire que par incapacité, comme le remarque l'auteur (p. 37). Les troisièmes ont « décroché » de l'univers magico-religieux, mais se réfèrent à un « destin fatal » qui est la cause de tous les effondrements. Cette étude nous introduit dans les sociétés africaines peut-être mieux que ne le ferait un ouvrage d'ethnologie. Le roman est ici un terrain privilégié d'observation, parce qu'il livre la pensée d'Africains écrivant librement sur des Africains. Il y a bien une « vérité romanesque », comme l'a démontré René Girard. Trente romanciers sont cités ; un nombre relativement peu élevé. Pourquoi l'auteur ne s'appuie-t-il pas, par exemple, sur des oeuvres camerounaises ? La « magie » n'est pas un thème absent de l'oeuvre de Mongo Beti, pour ne parler que de l'écrivain le plus célèbre. Sans doute avait-il ses raisons, mais il ne nous les donne pas. Enfin, peut-on ranger dans les mêmes catégories des romanciers bantous et des romanciers de l'Afrique de l'Ouest, alors qu'un personnage aussi central que le féticheur n'a pas dans ces deux mondes la même fonction ni la même réputation ?Eric de Rosny |
Octobre 1999 : Revue des Livres - Choix de Disque - Sommaire du numéro
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