JO Jong-Nae |
Dans la mentalité coréenne, le mot Arirang a plusieurs significations. Le sens, ici, est celui de la totalité de la réalité coréenne. Il est rare de trouver un mot qui puisse signifier l'histoire d'un peuple du monde, mais il me semble que c'est vraiment l'histoire coréenne qui est exprimée ici. Ce mot a toujours été du côté de la totalité de la vie coréenne. Lorsque les Coréens étaient heureux, ils chantaient cette chanson d'Arirang. Lorsqu'ils étaient dans la souffrance, ils faisaient de même. Le Coréen la chante avec joie ; mais il la chante également pour retrouver la paix du coeur. De même un groupe qui se rassemble dans un lieu public peut chanter et danser sur cette chanson. Oui, toute l'histoire coréenne est exprimée dans ce mot. A lui seul il donne le sens, comme dans un grand spectacle. Selon la région, le rythme et les paroles du chant sont différents. Mais c'est toujours la même histoire, celle d'une femme qui raconte l'affection qu'elle éprouve pour son mari ou son amant. C'est ce mot, Arirang, que l'auteur a choisi comme titre de son livre. Bien que ses pages relatent une époque précise de l'histoire de la Corée, il me semble que, à travers ce récit particulier, quelque chose nous est dit de l'histoire de la Corée. Il y a quelque temps, quelqu'un me disait : dans la période moderne, il y eut plus de Coréens tués que de Juifs. Il est vrai qu'il s'agit d'une histoire très éprouvante. Mais, s'il n'y avait pas comme une force immanente dans l'histoire de la Corée, celle-ci aurait disparu, comme cela fut le cas pour tant de populations autour de la Chine. En un mot, je conseille vraiment ce livre à ceux qui désireraient mieux connaître l'histoire de la Corée. L'auteur et les traducteurs connaissent bien le coeur coréen : l'un par sa vie passée, les autres en tant que couple franco-coréen. Seog-Chil Sed |
Octobre 1999 : Revue des Livres - Choix de Disque - Sommaire du numéro
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